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CÉRÉMONIE D’INAUGURATION DU MONUMENT AUX ANIMAUX DE GUERRE

Le 30 janvier 2024, la Mairie de Paris a organisé au square Boucicaut une cérémonie pour l’inauguration du monument en hommage aux animaux de guerre. L’Adjointe à la Maire de Paris en charge de la Mémoire, Laurence Patrice, l’Adjoint à la Maire de Paris en charge de la condition animale, Christophe Najdovski, le Conseiller de Paris du 7ème, René-François Bernard, le Président du Souvenir Français, Serge Barcellini et Amandine Sanvisens pour PAZ ont pris la parole lors de la très solennelle cérémonie.

Les Conseillères de Paris Douchka Markovic et Corinne Faugeron ont assisté à la cérémonie.

PAZ est mobilisée depuis 2018 pour que Paris rende hommage aux animaux exploités lors de la Grande Guerre.

Photos : Martine Sulpice

 

Les stories des Adjoint-es à la Maire de Paris sur Instagram :

Le discours prononcé par Amandine Sanvisens pour PAZ, lors de la cérémonie du 30/01/2024 :

Tout d’abord, je tiens à remercier Eric Baratay historien spécialiste de l’Histoire des animaux et qui a écrit un livre “Bêtes des tranchées, des vécus oubliés” sur les animaux exploités lors de la Grande Guerre. Stéphanie Micléa, secrétaire de PAZ, a été bouleversée par la lecture de cet ouvrage et c’est elle qui est à l’origine de notre campagne “Rendons hommage aux animaux de guerre” et qui a mené un grand travail de recherche sur les lieux parisiens ayant un lien direct avec les animaux utilisés pour la Grande Guerre. Je la remercie pour son travail et sa mobilisation.

Je remercie également chaleureusement Serge Barcellini, président du Souvenir Français, qui nous a apporté son soutien dès le début de notre campagne en 2018, ainsi que les 30 associations de protection animale qui ont appuyé notre projet mémoriel.

Je tiens à remercier infiniment Renaud Fuchs, le Conservateur en chef de la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville, qui a identifié de nombreux documents historiques.

Je remercie Laurence Patrice qui a permis de concrétiser notre projet mémoriel. Nous remercions la Mairie de Paris, qui nous a consulté dans les choix de mise en œuvre de ce monument.  

Je suis reconnaissante envers les élu-es de Paris qui, lors du mandat précédent ou celui en cours, ont mis leur pierre à l’édifice si je puis dire en soutenant notre projet  : Danielle Simonnet, Jacques Boutault, Florentin Letissier, Fabienne Roumet, Jean-Pierre Lecoq, René-François Bernard, Jeanne d’Hautessere, Roger Madec, François Dagnaud, Grégory Moreau, Sidonie Parisot et Eric Lejoindre.

Enfin, je remercie les artistes Dominique Granges et Jacques Tardi, très engagées pour la cause animale. Ils ont beaucoup travaillé sur la Grande Guerre pour en montrer l’horreur. Tardi nous a fait l’honneur de ce dessin inédit.

C’est à l’occasion du centenaire de l’armistice de 2018 que notre association PAZ a bataillé pour ce monument, avec à nos côtés, le soutien inestimable du Souvenir Français. Cing ans après, ce monument voit le jour ici, au cœur de Paris. Comme nous le souhaitons avec la Maire de Paris, ce monument est d’envergure nationale. Paris rejoint donc, enfin, la liste des capitales qui ont édifié des monuments aux animaux de guerre. Je pense à Ottawa, Canberra, Bruxelles et évidemment Londres.

J’en profite pour vous parler d’une belle initiative de nos amis anglais de l’association War Horse Monument ont lancé la Journée Internationale en mémoire aux animaux de guerre. C’est le 24 février. Et la première se tiendra cette année en 2024. PAZ est honorée d’y être conviée.

Pourquoi ce monument ? 

À travers les politiques mémorielles, notre société choisit ce qu’elle veut retenir et transmettre aux générations futures et ce qu’elle veut effacer de la mémoire collective. 

Aujourd’hui avec ce monument, c’est l’oubli de l’Histoire des animaux qui recule. Ce monument permettra de rendre accessible cette page de l’Histoire aux générations futures. En cela, il s’agit d’une étape culturelle importante pour la cause animale en France. 

Je veux rappeler ici la volonté des poilus de rendre hommage aux animaux de guerre, à l’image du soldat Henri Desvaux, qui, à 19 ans, fut volontaire pour l’armée d’Orient. Il a écrit : « Je me suis retrouvé dans le 84ème Régiment d’Infanterie des Dardanelles et sauvé par un mulet. Sans cette bête, nous serions morts de faim et de soif, nous n’aurions pu évacuer nos blessés et même nous aurions été perdus. J’ai proposé qu’on érige un monument aux mulets. » 

Et pourquoi ici ?

En 2018, PAZ a trouvé une coupure de presse qui raconte l’histoire du chien Vitrier, appartenant à un bataillon, qui a été retrouvé très affaibli à quelque pas d’ici le 24 août 1914.

Nous avons trouvé d’autres preuves historiques comme des photographies qui démontrent des réquisitions de chevaux à Paris. En effet, un quart des chevaux ont été réquisitionnés pour la Première Guerre mondiale. Malgré une comptabilité qui s’avère impossible, on estime que, dans le monde, onze millions d’équidés, mais aussi des dizaines de milliers de chiens et de pigeons ont été employés dans l’effort de guerre. Personne n’a pris le soin de compter les ânes, mulets et baudets, c’est la raison pour laquelle il n’y a aucun nombre indiqué sur la silhouette de l’âne du monument. Cela souligne l’absence de considération des autorités pour ces animaux. Pourtant les ânes ont joué un rôle décisif et leur souffrance a été immense. Par exemple, leurs naseaux étaient sectionnés avec un couteau pour qu’ils ne puissent plus braire et ainsi ne pas être repérés par l’ennemi.

Les animaux qui sont représentés sur ce monument ne sont pas les seuls qui ont été emportés dans cette guerre. Nous devons aussi penser à tous les animaux de compagnie abandonnés le long du front par les civils en fuite… et bien sûr à tous les animaux sauvages qui ont aussi été affectés par la guerre.

Se souvenir, c’est reconnaître la souffrance des animaux, leur rôle majeur dans cette guerre et c’est leur apporter de la considération. Mais se souvenir, c’est d’abord et avant tout faire le pont avec le présent. Ce qu’on appelle le devoir de mémoire n’a de sens que si on en tire les conclusions qui s’imposent pour le présent. Ce monument d’envergure nationale, comme le souhaite la Maire de Paris ainsi que notre association, est profondément ancrée dans le présent. Je repense à cette gravure du monument de Couin dans le Nord-Pas-de-Calais : « Que leurs souffrances et leur mort nous amènent à savoir apporter plus de gentillesse et de respect aux animaux vivants. ». 

Aujourd’hui encore, notre société exploite massivement les chevaux pour nos intérêts : pour l’argent, le loisir et l’alimentation. Des fermes à sang aux courses hippiques, les chevaux n’échappent pas à la violence et à l’abattoir.

Les chiens sont vendus comme de la marchandise et massivement abandonnés. 

Les pigeons quant à eux, sont gazés dans la plus grande légalité sur ordre de certaines Mairies. Eux qui avaient traversé des gaz toxiques en 14-18 pour délivrer des messages urgents, eux qui ont sauvé des poilus comme au Fort de Vaux avec le pigeon Vaillant.

Ces animaux qui ont été à nos côtés lors de la Grande Guerre, nous les considérons comme des jouets, des attractions, des ressources, des moyens de transport. Bref comme des objets. 

Ce monument est l’occasion de repenser la façon dont nous les traitons. Nous appelons de nos vœux un changement profond de nos relations aux animaux : la construction d’une société juste qui fait la paix avec les animaux, qui leur laisse le droit de vivre leur vie. Comme le dit si bien l’éthologue Michel Kreutzer : les animaux veulent avoir une vie agréable. 

Ne faisons pas semblant de ne pas le savoir. 

Je vous remercie