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L’empoissonnement

L’empoissonnement est une activité méconnue bien qu’elle soit pratiquée à grande échelle. Il est donc important de savoir de quoi il s’agit.

Qu’est-ce que l’empoissonnement ?

L’empoissonnement est la pratique qui consiste à élever des poissons dans des élevages piscicoles pour les relâcher ensuite dans les rivières, les lacs ou l’océan. Les poissons peuvent être réintroduits à n’importe quel stade de développement, de l’œuf à l’adulte âgé de plusieurs années.

L’empoissonnement est pratiqué principalement dans le but d’enrichir l’offre en poissons pour la pêche de loisir et la pêche commerciale, ou parfois pour restaurer la population d’une espèce menacée (repeuplement). L’empoissonnement est pratiqué dans tous les grands pays et dans toutes les régions du monde. Dans les pays développés, la finalité principale de l’empoissonnement est le soutien à la pêche de loisir (par exemple, lors de l’ouverture de la pêche à la truite) et le maintien des populations en déclin (repeuplement). Dans les pays en développement, il s’agit plutôt de favoriser la pêche vivrière et commerciale. De nombreuses espèces de poissons font l’objet d’empoissonnement. En France, il s’agit surtout des salmonidés, comme les saumons et les truites, mais aussi des brochets, black-bass...
L’empoissonnement peut être financé et réalisé par des organismes publics ou par des associations de pêche.

Il est difficile de trouver des statistiques précises sur l’empoissonnement mais on estime le nombre de poissons réintroduits chaque année dans le monde entre 35 et 150 milliards.

Quels sont les problèmes posés par l’empoissonnement ?

L’empoissonnement est une pratique controversée, qui pose problème en termes de condition animale et de retombées écologiques.

Tout d’abord, la priorité des élevages piscicoles étant le rendement, les intérêts des poissons n’y sont pas pris en compte : surpopulation, pas d’enrichissement du milieu, nombreux changements d’environnement qui sont source de stress pour les poissons.

Le relâcher lui-même est une importante source de souffrance pour les poissons. Certains poissons sont transportés entassés dans des sacs à dos jusqu’au lieu du relâcher. D’autres sont même largués depuis les airs par des avions (https://www.youtube.com/watch?v=-8bwZPIzuug), ce qui entraîne la mort d’une partie d’entre eux. Le stress subi par ceux qui survivent les expose à un risque accru de maladies.

Enfin, les conditions de vie en élevage piscicole ne permettent pas aux poissons de développer les comportements de survie nécessaires en milieu naturel. Une fois réintroduits, beaucoup restent sans se nourrir pendant des jours ou des semaines. Surtout, le fait de n’avoir eu aucun contact préalable avec des prédateurs en fait des proies faciles. Au final, le taux de mortalité des poissons relâchés peut être jusqu’à dix fois supérieur à celui des poissons sauvages.

L’empoissonnement a également des effets négatifs en termes écologiques, par son impact sur les populations sauvages. En effet, les poissons relâchés, qui sont génétiquement très homogènes, sont capables de s’accoupler efficacement avec des individus sauvages. Il peut en résulter une perte de diversité génétique qui entraîne une diminution à long terme des capacités de reproduction de la population. Ainsi, l’empoissonnement est parfois responsable d’une réduction de la population qu’on voulait augmenter. Pour éviter ce problème, une possibilité est de réintroduire des poissons génétiquement modifiés de façon à les rendre stériles ; il s’agit en particulier d’individus triploïdes, qui possèdent non pas deux jeux de chromosomes comme les animaux naturels, mais trois. Ces poissons triploïdes, à la physiologie altérée, ont alors vocation à être pêchés et mangés.

En outre, les fortes concentrations pratiquées en élevage piscicole y favorisent le développement de parasites et de pathogènes, que la réintroduction peut ensuite diffuser aux poissons sauvages. L’utilisation de traitements antibiotiques dans les stations piscicoles limite ce risque mais expose à celui de l’apparition de souches de pathogènes antibiorésistantes.

Enfin, de nombreux poissons réintroduits sont des prédateurs. Une fois relâchés ils chassent les autres poissons, les vers et les insectes, ce qui altère l’ensemble du réseau trophique.

En conclusion, l’empoissonnement est une pratique très répandue, hautement controversée, et parfois financée par des fonds publics. Il serait donc souhaitable que le public soit mieux informé à son sujet.

PAZ demande l’interdiction de l’empoissonnement dans un but de pêcher.