Lors du Conseil de Paris d’octobre 2023, la pêche de loisir et la question d’une brigade équestre municipale ont été abordée.
Mardi 3 octobre 2023, une partie des débats du Conseil de Paris a été consacrée aux poissons : cette demi-heure de discussions, à l’occasion du renouvellement des conventions de pêche de loisir dans le canal de l’Ourcq, a permis à plusieurs voix de s’élever pour la défense des animaux aquatiques, et à certaines avancées d’être actées.
Des plaidoyers pour les poissons
Les conseillers de Paris Douchka Markovic (Les Écologistes), Laurent Sorel (LFI) et Pierre-Yves Bournazel (GIP – Horizons) ont tous trois pris la parole, en amont du vote, pour défendre différentes propositions pour aider les poissons.
- Un vœu pour l’interdiction de la pêche de loisir à Paris
Le groupe Les Écologistes a déposé un vœu demandant l’interdiction de la pêche à Paris, suivant ainsi les demandes de PAZ. En effet, bien que la consommation des poissons pêchés à Paris soit interdite pour des raisons sanitaires, la pêche y est encore pratiquée, et de nombreux poissons sont ainsi manipulés, blessés voire même tués – sans d’autre raison que le divertissement. Pourtant, 63 % des Parisiens sont favorables à son interdiction. Au moment du vote, les bénévoles de PAZ manifestaient à la sortie du Conseil de Paris pour soutenir ce vœu.
- Un amendement contre l’empoissonnement
Un amendement a été déposé pour demander à ce que les associations de pêcheurs cessent l’empoissonnement. En effet, relâcher des poissons d’élevage dans l’Ourcq n’est pas sans risque : les poissons d’élevage peuvent contaminer leurs congénères sauvages avec des maladies. Par ailleurs, Douchka Markovic souligne l’hypocrisie qu’il peut y avoir à pratiquer l’empoissonnement, alors que les pêcheurs prétendent par ailleurs, contre l’évidence, que leur pratique de la pêche appelée “no kill”, qui, au mieux, stresse, mutile et affaiblit les poissons, ne les tue pas.
- Un amendement pour l’interdiction des concours de pêche
Les concours de pêche, encore autorisés, impliquent non seulement de l’empoissonnement avec donc des poissons d’élevage, mais impliquent également de blesser de très nombreux poissons.
- La demande d’inclusion des associations de protection animale dans la gouvernance des commissions de pêche
Quand il est question de pratique cruelle visant les animaux, on ne saurait laisser l’intégralité des positions à défendre aux pêcheurs, dont les activités supposent nécessairement de stresser, de blesser et de tuer des animaux. Des conseillers de Paris ayant l’éthique animale à cœur ont demandé à ce que les associations de protection animale rejoignent ces comités de pilotage.
- Demande d’augmentation de la redevance annuelle
Les poissons pêchés à Paris n’étant pas consommables, les pêcheurs bénéficient d’un abattement à Paris et en Seine-Saint-Denis. Ainsi, les fédérations de pêche ne payent qu’environ 13 500 euros à la Ville de Paris pour le droit de pêche, alors même que leurs recettes, venant notamment des adhésions, sont de plus de 3 millions d’euros par an selon l’élue Douhcka Markovic.
- Des prises de parole fortes pour les animaux
La défense de ces axes a été l’occasion de prises de parole fortes et nécessaires, qui sont venues rappeler que le regard sociétal sur les animaux évolue et que le monde politique doit évoluer avec lui. Oui, la défense des animaux est un axe de débat politique valable, respectable et important. Dans le contexte d’un monde politique qui se montre majoritairement ignorant sur la condition animale, les mots de Pierre-Yves Bournazel, Laurent Sorel et Douchka Markovic résonnent plus encore :
« Il est nécessaire de reconnaître que les animaux méritent d’être traités avec compassion et respect, plutôt que d’être utilisés comme des objets de divertissement. » – Douchka Markovic, groupe Les Écologistes.
« Aucune activité de loisir ne saurait se faire au prix de la souffrance animale » – Laurent Sorel, LFI.
« Je regrette que vous n’ayez pas entendu mon appel de juillet pour l’interdiction de la pêche à Paris. C’est aussi le combat de nombreuses associations et de citoyens qui se battent en faveur du bien-être animal. Je tiens à les remercier de l’aide et des éclairages qu’ils nous apportent dans notre travail d’élu au quotidien. Ces amendements sont le fruit de leur travail. » – Pierre-Yves Bournazel, GIP – Horizons.
Un contexte encore hostile à la cause animale
Ces interventions sont d’autant plus importantes qu’elles se heurtent parfois à l’ignorance des autres conseillers de Paris. Encore une fois, le Conseiller Jean-Philippe Gillet (Groupe Communiste, a révélé un mépris considérable pour la souffrance des poissons. La pêche a notamment été présentée comme un « héritage révolutionnaire », ou encore comme un loisir prolétaire, sans la moindre source mise en avant.
Poursuivre une pratique archaïque et cruelle, lorsqu’elle n’implique pas même la consommation des poissons mais seulement le divertissement, est incompréhensible. De même, défendre à tout prix la pêche comme loisir paraît en total décalage après l’intervention si juste de Laurent Sorel, qui rappelait que l’interdiction de la pêche à Paris ne devait pas revenir à stigmatiser les pêcheurs, mais bien plutôt à nous conduire à faire preuve de créativité, et à inventer des loisirs qui ne se fassent pas au détriment des animaux.
Des mesures importantes pour les animaux obtenues suite à nos campagnes
Si le vœu d’interdiction de la pêche à Paris ainsi que les différents amendements défendus par Laurent Sorel, Pierre-Yves Bournazel et Douchka Markovic ont été rejetés, ces débats au Conseil de Paris ont pourtant mené à plusieurs avancées pour les poissons.
- Interdiction de la pêche au vif
En 2021, le Conseil de Paris avait émis le vœu d’interdiction de la pêche au vif : cette méthode de pêche était dénoncée par PAZ en raison de son immense cruauté. En effet, la pêche au vif consiste à transpercer un poisson vivant d’un hameçon, afin de s’en servir comme appât pour pêcher un autre poisson. La Mairie avait écrit au Préfet et au Gouvernement pour demander l’interdiction de cette technique.
Ce vœu est désormais inscrit dans les conventions de pêche liant les fédérations de pêche et la mairie de Paris.
- Interdiction de la pêche avec hameçons à ardillons
Les hameçons avec ardillon sont des hameçons avec une pointe “en retour”, ayant pour but que les poissons ne puissent se libérer.
La pêche avec ardillon est désormais interdite dans l’Ourcq.
- Interdiction de la pêche à la darse du Rouvray
Désormais, les conventions mentionnent explicitement l’interdiction de toute pêche dans ce lieu, grâce à notre campagne.
Ces débats ont montré des prises de position politiques fortes, et qui feront date. Si elles n’ont pas débouché dès à présent à l’interdiction de la pêche à Paris, elles ont su élever le débat et poser les arguments qui nous permettront, dans les mois et les années à venir, d’acter ces avancées importantes pour les animaux.
Mercredi 4 octobre 2023, la Conseillère Raphaëlle Remy-Leleu (Les Ecologistes) a porté un voeu qui a permis une clarification publique : il n’y aura pas de brigade équestre municipale ! Les chevaux ne sont pas des outils de maintien de l’ordre. Nous félicitons l’élue !
PAZ avait écrit à la Maire de Paris et l’Adjoint à la police municipale il y a plusieurs mois sur le sujet.