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Rats : PAZ répond au communiqué de l’Académie Nationale de Médecine

PAZ : 

Cet article répond point par point au communiqué de l’Académie Nationale de Médecine : en noir le communiqué de l’Académie (avec des mots/bouts de phrases mis en couleur par PAZ), en rouge la réponse de PAZ.

 

Retrouvez les actions de PAZ pour une cohabitation pacifique avec les animaux liminaires (dont font partie les rats).

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PAZ a été frappée par le manque de rigueur scientifique de ce communiqué de presse. Nombre d’affirmations ne sont pas étayées (comme le nombre de rats à Paris), les références bibliographiques sont très faibles voire n’ont pas de rapport avec ce qui est affirmé et le texte cherche à convaincre non par des arguments scientifiques mais par le recours à la peur collective. Nous constatons que quand il s’agit des rats, l’Académie Nationale de Médecine se laisse guider par des idées reçues et fait prévaloir son point de vue par sa seule autorité, loin de toute rigueur scientifique ! PAZ est atterrée par le manque de sérieux de ce communiqué.

Le rat d’égout prolifère de façon inquiétante dans les grandes villes, en particulier dans la capitale. Qu’on le nomme Rattus norvegicus, rat brun ou surmulot, c’est la plus nuisible des espèces commensales de l’Homme en raison de ses grandes capacités d’adaptation, de ses exigences alimentaires, de son intense prolificité et surtout, des zoonoses bactériennes, virales et parasitaires dont il peut être vecteur.

Les rats d’égout prolifèrent en milieu urbain dans les zones où ils trouvent des ressources alimentaires, de l’eau et des endroits pour nicher. Avec un ratio de 1,5 à 1,75 rats par habitant, Paris et Marseille feraient partie des 10 villes les plus infestées au monde. À un tel niveau de densité de population, ces rongeurs à vie nocturne sortent des caves et des égouts et deviennent visibles le jour dans les rues, les parcs et les jardins, dans tous les lieux où ils peuvent trouver de quoi se nourrir et s’hydrater (caniveaux, poubelles, aires de pique-nique, marchés, habitations…).

PAZ : 

L’Académie Nationale de Médecine ne donne aucune source pour le chiffre de “1,5 à 1,75 rats par habitant”. Nous ne pouvons donc pas parler de “prolifération” ni considérer ce chiffre comme vrai, car aucune donnée scientifique n’est disponible sur le nombre de rats à Paris. Christiane Denys, professeure du Museum, a estimé que ces chiffres étaient “tout à fait fantaisistes”.

 

Il est impossible de dénombrer précisément la population de rats dans une grande ville. Néanmoins, certaines méthodes statistiques, telles que la méthode capture-marquage-recapture, permettent d’en obtenir une bonne estimation, ce qui vaut nettement mieux que d’avancer des chiffres sortis de nulle part. À New York par exemple, où le chiffre communément admis était de huit millions de rats, une étude de 2014 a montré que l’ordre de grandeur était plutôt de deux millions.

 

Quant au fait que des rats se retrouvent en surface, il n’y absolument aucune preuve que ce soit dû à une augmentation du nombre de rats. De nombreux éléments peuvent expliquer que des rats remontent à la surface comme de grands travaux (type métro) : leur présence en surface peut donc être liée à leur déplacement et non à une “prolifération”. Une crue ou encore de la nourriture facilement accessible en surface peuvent également expliquer des déplacements.

Certains défenseurs de la condition animale arguent que Rattus norvegicus est l’espèce dont dérive le rat domestique d’élevage, facile à apprivoiser comme rat de laboratoire ou nouvel animal de compagnie (NAC). Plaidant pour que la relation entre le rat d’égout et l’Homme ne soit plus considérée comme un commensalisme nuisible, mais comme une véritable symbiose, une élue de ce courant de pensée au sein de la capitale a récemment demandé de « légitimer la place des rats dans la ville », de reconnaître leur utilité comme « auxiliaires dans la gestion des déchets en ville », de les nommer « surmulots pour éviter de les stigmatiser », et de renoncer à les éliminer au nom du « bien-être animal ».

PAZ :

L’Académie de Médecine fait référence au discours de Douchka Markovic au Conseil de Paris du 7 juillet 2022. Il a largement été caricaturé, dépouillé de son contenu, la toile et les médias ayant réduit son propos à son usage du mot “surmulot” à la place du mot “rat”. 

Or à aucun moment, Douchka Markovic ne parle de “symbiose” (voir son discours sur Youtube ou en bas de l’article). Chez PAZ, parce que les rats sont des êtres sensibles, nous appelons à une cohabitation pacifique. Cela signifie chercher des solutions éthiques ET efficaces ; et non pas ne pas vouloir limiter les populations de rats comme l’Académie de Médecine le laisse supposer. Pour cela il est essentiel de s’intéresser aux méthodes non létales comme une meilleure politique de gestion des déchets ou de nouveaux produits comme des contraceptifs (par exemple le Contrapest). PAZ appelle le gouvernement à investir dans la recherche pour développer de nouvelles solutions et les Mairies à travailler avec les Universités pour développer des politiques publiques éthiques et efficaces dans la gestion des populations de rats.

 

Le rôle des rats dans l’entretien des égouts est une réalité. Le Musée des Égouts de Paris indique ainsi dans sa FAQ que “ces petits rongeurs sont très utiles au bon fonctionnement des égouts. Ils participent à la diminution des déchets dans les égouts en les grignotant.”

Face à l’ingénuité de ces propos, qui bénéficient parfois d’une écoute favorable, il importe de rappeler que le rat reste une menace pour la santé humaine en raison des nombreuses zoonoses transmissibles par ses exoparasites, ses déjections, ses morsures ou ses griffures.

PAZ :

L’Académie Nationale de Médecine dit se préoccuper des zoonoses en passant sous silence le lien entre les élevages intensifs et les zoonoses et les pandémies (en juin 2022 l’Académie publie un communiqué sur les zoonoses sans mentionner une seule fois les élevages intensifs). Cela démontre que l’Académie Nationale de Médecine s’intéresse aux zoonoses quand cela l’arrange.

 

Pour voir le communiqué de presse de l’Académie Nationale de Médecine sur les zoonoses qui ne parle aucunement des élevages intensifs, cliquez ici.


Pour voir le communiqué de presse de L214 afin de comprendre l’importance des élevages intensifs dans les risques de zoonoses et de pandémies,
cliquez ici.

– C’est par la puce du rat, Xenopsylla cheopis, que se transmet la peste bubonique due à Yersinia pestis, le typhus murin dû à Rickettsia typhi, la bartonellose due à elizabethae.

PAZ : 

Au sujet de la peste : 

1) Quelle que soit la forme qu’elle prend, cette maladie est due à l’infection par la bactérie Yersinia pestis. Le mode de contamination de l’humain dépend de la forme de la maladie :

– peste bubonique : la bactérie infecte une puce qui saute sur un rat puis sur un humain et le contamine par sa piqûre. Le rat n’est donc pas directement l’agent transmetteur de la peste mais ce sont les puces que portent les rats malades qui contaminent les humains ;

– peste pulmonaire : la bactérie passe directement d’un humain à l’autre par l’air.

 

2) Plusieurs espèces de rongeurs sont vecteurs de la puce qui transmet la bactérie de la peste, donc il serait possible que Rattus norvegicus (le rat des villes actuel) propage la peste. Mais historiquement, les grandes épidémies de peste en Europe sont dues à Rattus rattus (rat noir) et pas à notre Rattus norvegicus (rat brun ou surmulot), lequel n’était pas encore présent en Europe. 

 

3) Depuis 1945, PAS UN SEUL cas de peste en France métropolitaine (Institut Pasteur) alors que des dizaines de générations de rats ont cohabité avec les humains depuis lors. Le danger n’est donc pas impérieux.

 

4) La survenue d’une nouvelle épidémie de grande ampleur en Europe est hautement improbable du fait de :

– l’amélioration des conditions d’hygiène ;

– la qualité de la veille épidémiologique qui fait qu’on s’en rendrait compte en quelques jours et qu’on prendrait les mesures appropriées ;

– surtout, la révolution apportée par les antibiotiques.

« Les fluoroquinolones, les tétracyclines, et également la streptomycine, sont les antibiotiques de référence pour le traitement de la peste. Ce sont des antibiotiques parfaitement efficaces s’ils sont administrés à temps.

La chimioprophylaxie au moyen de tétracyclines ou de sulfamides ou fluoroquinolones, administrée précocement, est en général d’une très bonne efficacité pour l’entourage immédiat des sujets atteints de peste. » (Institut Pasteur)

Cela signifie qu’on pourrait traiter avec efficacité non seulement les malades mais aussi les cas contacts.

 

5) Dans ces conditions, il semble tout à fait irresponsable et non scientifique de la part de l’Académie Nationale de Médecine d’agiter le spectre de la peste.

 

Typhus murin : Le typhus murin est une maladie des régions tropicales, pas des villes françaises. Dans la Revue du Praticien (2020) : « Le typhus murin est causé par Rickettsia typhi et transmis par des puces de rat. Il est endémique en Asie du Sud-Est. (…) Il faut y penser devant tout tableau fébrile AU RETOUR DE VOYAGE. Le pronostic est généralement favorable. »

 

Bartonellose : La bartonellose due à Bartonella elizabethae est une maladie tellement rare chez l’humain qu’il est très difficile de trouver des données.

Sur cette page, on peut lire ceci : « Only one human infection with B. elizabethae has been reported, in a patient with endocarditis ».

 

Ainsi, l’Académie Nationale de Médecine considère que le rat pose un problème de santé publique parce qu’il pourrait transmettre une maladie dont on a recensé un cas dans le monde.

– Les urines du rat peuvent contaminer l’environnement par des leptospires ; il est le principal réservoir mondial de la leptospirose, maladie redoutable pour les personnes exposées professionnellement (égoutiers) ou les propriétaires de NAC [1].

PAZ :

Sur le sujet des rats, la modération et la rigueur scientifique ne sont décidément pas le fort de l’Académie de Médecine. 

 

Certes, les rats sont le principal réservoir mondial de la leptospirose et cette maladie, sans traitement, est mortelle. Mais justement, il existe des traitements, et même un vaccin, prescrit d’ailleurs aux égoutiers. 

Le vaccin protège de la forme la plus grave de la leptospirose, il doit être renouvelé tous les deux ans. Le traitement antibiotique agit, quant à lui, sur toutes les formes de leptospirose. Il n’y a pas de résistance connue. Les antibiotiques fonctionnent bien dès lors qu’ils sont administrés précocement, la principale difficulté étant le diagnostic (Institut Pasteur. 2021. La leptospirose). 

 

Il est totalement ridicule d’affirmer que la leptospirose est une maladie redoutable pour les propriétaires de rats de compagnie. L’Académie de Médecine affirme cela en citant une étude sur UN cas de contamination par un rat de compagnie. Si cette information vaut la peine d’être publiée en 2022, c’est qu’elle décrit nécessairement un phénomène rare. Si la transmission de la leptospirose par les rats de compagnie était fréquente, on le saurait depuis longtemps et l’intérêt de l’évoquer dans un journal scientifique serait inexistant. En résumé, c’est PARCE QUE c’est rare que ça fait l’objet d’une publication. 

De même, un article de 2022 a décrit un cas de transmission du Covid-19 du chat à l’humain, mais il n’y a pas de quoi affirmer que les chats sont un vecteur important du Covid-19 !

Ne pas faire de cas individuels des généralités est un principe scientifique que l’Académie de Médecine devrait se rappeler.

– Ses fèces peuvent contaminer la chaîne alimentaire par des salmonelles, notamment les œufs crus et les ovoproduits [2].

PAZ :
La “source” de l’Académie de Médecine pour cette affirmation est une note du Centers for Disease Control and Prevention qui indique comment les OISEAUX DE BASSE-COUR peuvent être à l’origine d’épidémies de salmonellose. Les mots « rat » ou « rodent » ne figurent pas dans la note. L’Académie de Médecine ne prend donc même pas la peine de donner des sources en rapport avec ce qu’elle affirme (et ce n’est pas la seule fois, sur les 4 seules (!) sources du communiqué, 2 ne correspondent pas à ce qu’elle avance) !

– La morsure du rat peut inoculer une bactérie présente dans sa salive, Streptobacillus moniliformis, qui peut provoquer une septicémie rapidement mortelle en l’absence d’une antibiothérapie précoce.

PAZ :
L’Académie de Médecine fait encore comme si les rats étaient à l’origine de tous les maux, et qu’eux seuls pouvaient transmettre des maladies. Or toute morsure, que ce soit une morsure de chien, de chat ou de rat présente des risques (infection ou maladie). Il est donc recommandé d’aller consulter.

De plus, cette allégation fait l’amalgame entre les rats de compagnie et les rats liminaires. Les rats liminaires sont à l’origine de peu de morsures car ils sont rarement au contact des humains, qu’ils évitent et fuient. Les rats de laboratoire et de compagnie sont plus à risque de mordre mais c’est un problème indépendant de celui qui inquiète fortement l’Académie, à savoir le problème de la régulation des populations de rats. En résumé, il serait absurde d’affirmer qu’il faut exterminer les rats liminaires parce que les rats de compagnie peuvent transmettre des maladies (comme d’autres animaux de compagnie).

– Le rat peut aussi héberger de nombreuses autres bactéries pathogènes pour l’Homme, telles que Staphylococcus aureus, Escherichia coli, Mycobacterium bovis, Streptococcus pneumoniae, Campylobacter , Yersinia pseudotuberculosis et Clostridium difficile. Il représente ainsi une source importante de bactéries résistantes aux antibiotiques dans l’environnement humain.

PAZ :
Il n’y a rien d’évident au fait que les bactéries dont les rats sont porteurs soient résistantes aux antibiotiques. La rigueur scientifique aurait voulu que L’Académie Nationale de Médecine explicite et source ce point.

– Plusieurs zoonoses virales sont imputables aux rats : la fièvre hémorragique avec syndrome rénal (hantavirose) due au virus Séoul, l’hépatite E due à un hepevirus (HEV-C) [3], la chorioméningite lymphocytaire due à un arénavirus. Ils peuvent aussi être porteurs asymptomatiques d’Orthopoxvirus (cowpox, monkeypox) [4]. En France, le rat est aussi impliqué dans certaines zoonoses parasitaires et mycotiques (trichinellose, toxoplasmose, capillariose, cryptosporidiose, teigne).

PAZ :
HEV-C : La source donnée par l’Académie de Médecine ne correspond pas à ce qu’elle avance : elle ne décrit pas de cas de zoonose pour le HEV-C. En effet, l’article a recherché la présence du virus HEV-C, responsable d’hépatite chez l’humain et qui infecte également les rats, dans le sud-ouest de la France. La conclusion est que le virus HEV-C n’est PAS présent chez les humains dans cette région (« HEV-C does not circulate in the human population of South-Western France »).

Cowpox : La source donnée par l’Académie de Médecine décrit effectivement une « épidémie » de cinq cas d’infection à cowpox transmise par des rats de compagnie. Mais encore une fois, l’importance du phénomène en termes de santé publique est négligeable. Sur le site du Ministère de l’Agriculture, on peut lire : « Fréquence des cas : Maladie rare. Cas sporadiques en Europe. » (Ministère de l’Agriculture). En 2022, un professeur de l’Université de Bordeaux écrit : « Une épidémie de cow-pox a été rapportée en 2008-2009 en France et en Allemagne, à partir de cas importés d’une source commune localisée en République tchèque. Des cas sporadiques ont été détectés en France en 2010. ».  Une publication de 2021 détaille un cas de cowpox, et commence par “Cowpox is a rare zoonosis transmitted to humans mainly from cats”C’est bien PARCE QUE les cas de contamination à la cowpox sont rares, qu’ils font l’objet de publications.

L’Académie de Médecine agite encore une fois le spectre de risques de maladies graves, en “oubliant” de mentionner que les cas restent très rares ou en citant des sources qui ne correspondent pas à son propos. De plus, dans le cas de la cowpox, les chats peuvent également transmettre cette maladie aux humains (ce sont principalement les chats qui transmettent la cowpox aux humains), mais personne n’appelle à exterminer les chats pour autant

Nous ne nions pas que la question de la gestion des rats représente des enjeux de santé publique mais il ne faut pas céder à la psychose. Ce communiqué de l’Académie de Médecine est tout sauf sérieux. 

D’ailleurs, toute population animale représente des enjeux de santé publique. Pour Aude Lalis et Benoît Pisanu, chercheuse et chercheur au Museum National d’Histoire Naturelle, « On ne peut pas dire si les rats transmettent plus ou moins de maladies que les pigeons ou d’autres animaux. ».

Pour reprendre l’exemple des chats, un enjeu de santé publique (humaine) est la toxoplasmose. La toxoplasmose est une infection parasitaire fréquente en France : environ 50 % de la population adulte est infectée. 200 000 à 300 000 nouvelles infections surviennent chaque année. Chez les sujets en bonne santé, la toxoplasmose est le plus souvent bénigne. Mais si une femme se contamine pour la première fois lors de sa grossesse, alors il y a un risque pour le fœtus. Les femmes enceintes ont des consignes de prévention. En France il y a 2700 cas de primo-infection d’une mère pendant sa grossesse par an et il y a eu 244 de transmission au fœtus en 2010 (Anses). On notera que, bien que le nombre de cas de contamination d’une mère pendant sa grossesse reste faible, il est supérieur aux nombres de contamination via les rats, de maladies agitées par l’Académie de Médecine (Peste : 0, Typhus murin : proche de 0, Bartonellose : proche de 0, Leptospirose : 600 (comme nous l’avons vu, les rats ne sont d’ailleurs pas les uniques vecteurs de cette maladie)). Encore une fois, personne n’appelle à exterminer les chats pour autant.

En résumé, l’Académie Nationale de Médecine cite un nombre invraisemblable de maladies pouvant être transmises par les rats. Parmi toutes ces maladies, une seule est un véritable enjeu de santé publique en France métropolitaine en 2022 : la leptospirose. Toutefois, il n’y a que 600 cas par an environ, dont tous ne sont pas imputables aux rats. Il existe un vaccin pour les personnes exposées et un traitement antibiotique efficace en cas d’infection.

La plupart des autres maladies citées ne représentent pas de véritables enjeux de santé publique car ce sont des maladies :

– qui n’existent plus en France (peste) ;

– qui sévissent dans d’autres régions du monde (typhus murin) ;

– tout simplement rarissimes (bartonellose à Bartonella elizabethae).

Enfin, la salmonellose est une maladie certes importante en termes de santé publique, mais dans laquelle les rats ne jouent pas le rôle principal.

La surpopulation de rats d’égout dans les grandes villes, comme Paris et Marseille, est un véritable danger pour la santé publique. C’est pourquoi L’Académie nationale de médecine recommande :

– que les mairies promeuvent un plan de propreté urbaine, rigoureux et pérenne, pour supprimer les déchets alimentaires accessibles aux rongeurs, s’appliquant essentiellement au nettoyage de la voirie, des parcs et jardins, ainsi qu’à la collecte des ordures ménagères ;

PAZ :

C’est une méthode non létale que nous recommandons également. Dans son discours au Conseil de Paris, qui a suscité ce communiqué de l’Académie de Médecine, Douchka Markovic a d’ailleurs insisté sur ce point (voir son discours sur Youtube ou en bas de l’article). Il est également indispensable d’investir massivement dans la rénovation du bâti type HLM insalubres.

– que les mairies entreprennent, en liaison avec les syndics et les bailleurs, de vigoureuses campagnes de dératisation dans les habitations et l’environnement urbain chaque fois qu’une surpopulation de rongeurs est constatée (rats visibles dans la journée) ;

PAZ :

C’est déjà le cas. Pourtant, les campagnes successives avec des méthodes létales démontrent leur inefficacité. Aujourd’hui, c’est un véritable arsenal de méthodes létales qui est utilisé contre les rats : anticoagulants (empoisonnement), piège à alcool (noyade), gaz carbonique dans les terriers (asphyxie), piège à colle, tapettes… L’Académie omet d’évoquer la résistance des rats aux anticoagulants et le phénomène d’effet rebond.

– que des captures de rats d’égouts soient effectuées régulièrement afin de surveiller le portage d’agents pathogènes et de détecter d’éventuelles émergences ;

– d’améliorer, dans un contexte « une seule santé », la diffusion des connaissances en médecine humaine et en médecine vétérinaire sur les zoonoses véhiculées par ces rongeurs, notamment à l’intention des propriétaires de NAC.

PAZ :

Pourquoi l’Académie ne recommande-t-elle pas plus de recherche ? Il nous semble que c’est une recommandation qui ne coûte pas grand chose mais qui est pourtant primordiale. En effet, les méthodes actuelles, en plus d’être cruelles pour les animaux, ne sont pas efficaces. Par ce communiqué l’Académie semble considérer que les méthodes actuelles disponibles sur le marché sont satisfaisantes mais qu’elles ne sont juste pas utilisées de manière assez intensive. Cela ne correspond pas à la réalité.

PAZ appelle le gouvernement à investir dans la recherche pour développer de nouvelles solutions et les Mairies à travailler avec les Universités pour développer des politiques publiques éthiques et efficaces dans la gestion des populations de rats.

Références

  1. Kraijenhoff GHPS et al. Leptospirose pédiatrique sévère causée par un rat de compagnie. Ned Tijdschr Geneeskd, 2022 ; 166 : D6017.

  2. Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Salmonella Outbreaks Linked to Backyard Poultry. National Center for Emerging and Zoonotic Infectious Diseases (NCEZID); 2022.

  3. Parraud D et al. Rat Hepatitis E Virus: Presence in Humans in South-Western France? Front Med. 2021 ; 8 : 726363.

  4. Campe H et al. Cowpox Virus Transmission from Pet Rats to Humans, Germany. Emerg Infect Dis, 2009 ; 15(5) : 777‑80.

(*) Communiqué de la Plateforme de Communication Rapide de l’Académie validé par les membres du Conseil d’administration le 14 juillet 2022.

POUR RAPPEL : Discours de Douchka Markovic, qui a lancé la polémique sur les rats, lors du Conseil de Paris du 07/07/22

 

Alors oui la présence de rats peut être une difficulté lorsqu’ils se retrouvent dans nos logements ou nos caves. Personne ne peut nier ce fait. Il y a à Paris des rats, que je préfère nommer surmulots, moins connoté négativement. Les surmulots seront toujours présents à Paris, quoi que nous fassions. La réalité est que les actions menées jusqu’à maintenant ne fonctionnent pas et sont très coûteuses. Partant de ce constat nous devons changer de paradigme, nous devons nous interroger sur des nouvelles méthodes efficaces et non létales. Nous devons nous interroger sur les surmulots et leur manière de vivre, mieux les connaître afin de trouver des méthodes efficaces et éthiques. Un premier bilan est déjà de constater le rôle important joué par les surmulots au quotidien, dans les égouts, avec l’évacuation de plusieurs centaines de tonnes de déchets et débouchage de canalisations. Ils sont nécessaires à la gestion des égouts de la ville de Paris, ils sont nos auxiliaires de la maîtrise des déchets. Ce qui pose problème c’est la remontée des surmulots vers l’extérieur et notamment les lieux d’habitation. L’objectif paraît donc principalement la sortie des surmulots sur la voie publique. Or les scientifiques le confirment, ces sorties sont la plupart du temps nocturnes. De ce fait, si les lieux très visités par les surmulots aujourd’hui étaient nettoyés plutôt en fin de journée, les surmulots seraient moins incités à y venir pendant la nuit pour se nourrir. La Mairie du 11ème et du 12ème à travers leur Maire respectif François Vauglin et Emmanuelle Pierre-Marie et de leur Adjoint à la condition animale, proposent d’expérimenter officiellement cette méthode sur deux sites afin d’en évaluer les impacts sur la présence des rongeurs. Cette étude sera portée par Monsieur Benoît Pisanu, chercheur au Muséum. Suite à cette expérimentation un rapport scientifique sera rédigé. Le nettoyage et l’absence de nourriture en surface semble être une solution majeure. À cela doit se coupler le bouchage des trous permettant aux surmulots de remonter dans les immeubles ou la pose des grilles dans certains endroits. Nous pensons donc qu’il faut agir mais agir différemment. Nous ne partageons pas les considérants mais partageons la nécessité d’agir avec un nouveau regard sur la gestion des surmulots à Paris. Pour cette raison nous nous abstiendrons sur le vœu de la majorité et nous voterons contre le vœu Changer Paris.