Suite à notre enquête sur les campagnes de gazage de pigeons à Asnières, la Conseillère Yeelen Ravier a posé une question orale au Maire lors du Conseil municipal du 16 février 2023.
La réponse de la Mairie est encourageante mais de nombreuses interrogations restent en suspens (La Mairie a-t-elle vraiment déposé plainte contre son prestataire ? Va-t-elle définitivement abandonner les méthodes cruelles?…). De plus, dans son propos, la Mairie fait preuve d’un manque de connaissances sur la question des pigeons.
Notre analyse de la réponse de la Mairie
– La Mairie se dit choquée des images révélées par PAZ et sensible à la “protection et au bien-être animal”. Lors des premiers jours après la diffusion de notre enquête, la Maire mettait en doute la véracité de nos images (BFM). Nous nous réjouissons de cette prise de conscience.
– La Mairie assure n’avoir rien à se reprocher car le contrat prévoyait, selon elle, de “fortes exigences éthiques”. PAZ rappelle qu’il est de la responsabilité de la Ville de vérifier la bonne exécution des missions données à ses prestataires. De plus, nous contestons ce vocabulaire : ce n’est pas une forte exigence éthique que d’imposer de mettre de l’eau dans les cages pièges ou de relever ces cages régulièrement, c’est le b.a-ba. Une “forte exigence éthique” serait de ne pas tuer les pigeons !
– Lors de son intervention, l’Adjoint Thierry Le Gac explique que la Ville a engagé une procédure contentieuse contre SAPIAN. Quant à lui, le Maire d’Asnières explique que la Ville va attaquer la société SAPIAN en justice. Ce n’est pas clair. À l’heure d’aujourd’hui, la Ville d’Asnières a-t-elle déposé plainte au parquet de Nanterre contre SAPIAN ? Si non, quand va-t-elle le faire ?
– Le Maire d’Asnières, Manuel Aeschlimann, admet que l’effarouchement est un gadget. Nous sommes en total accord avec ces propos. L’effarouchement n’est qu’une méthode de façade : les opérations étant ponctuelles, les pigeons reviennent ensuite ou migrent dans d’autres quartiers ce qui ne fait que déplacer les potentiels problèmes. De plus, comme l’a rappelé Yeelen Ravier, cette pratique est contraire à la condition animale à la fois pour les pigeons (stress voire mort) et pour les rapaces qui n’ont rien à faire en captivité.
– Nous ne comprenons pas les propos de la Mairie sur les méthodes utilisées par d’autres Villes. Thierry Le Gac et Manuel Aeschlimann, semblent insinuer que des Villes cacheraient à PAZ qu’elles ont recours à des méthodes létales. Nous rappelons que l’état des lieux que nous avons réalisé est basé sur des demandes officielles de documents administratifs. Les collectivités sont tenues de transmettre leurs documents de manière exhaustive (c’est la loi !). PAZ a pour but de mettre la lumière sur toutes les Villes qui ont recours à des méthodes cruelles (ou qui refusent de communiquer sur leurs procédés). Si la Mairie d’Asnières a des informations à nous transmettre, nous sommes toute ouïe. Mais la priorité d’Asnières n’est-elle pas de revoir sa propre façon de gérer les pigeons avant de semer le doute sur les méthodes potentiellement utilisées par d’autres Mairies ? En tout cas, si la Mairie d’Asnières entend faire croire qu’il est impossible de gérer éthiquement les populations de pigeons : c’est totalement faux. Dans notre état des lieux , 1/3 des 141 communes n’ont pas recours à des méthodes cruelles (gazage, tirs, stérilisation chirurgicale, effarouchement…)
– Thierry Le Gac explique que la Ville va réaliser un audit pour réfléchir aux futures méthodes à mettre en place. Le Maire d’Asnières ajoute qu’il pense à se tourner vers des méthodes contraceptives, même s’il doute de l’efficacité. Cela va dans le bon sens, mais nous nous interrogeons :
Qui va réaliser cet audit ? Est-ce en interne ou en externe ?
Qu’est ce qui permet à la Mairie de dire que les méthodes contraceptives ne sont pas efficaces ou que les pigeonniers ne seraient pas adaptés à Asnières ? Les campagnes de gazage sont, par principe, inefficaces : elles créent juste un effet yo-yo sur le nombre de pigeons, puisque les pigeons tués vont vite être remplacés par de nouveaux (naissances car reproduction accélérée ou pigeons qui viennent d’ailleurs). Les pigeonniers contraceptifs sont utilisés un peu partout en France et le maïs contraceptif a fait ses preuves en Espagne, en Belgique et en Italie. Il serait temps que la Ville d’Asnières se penchent sérieusement sur ces méthodes éthiques avant d’émettre un avis sur un sujet qu’elle ne connaît pas. Nous sommes à leur disposition pour les conseiller.
– Thierry Le Gac justifie les méthodes d’Asnières en évoquant une obligation du RSD (Règlement Sanitaire Départemental) et le fait que les pigeons transmettraient des maladies. Notre réponse à ces deux points importants :
Le RSD n’impose pas un type de méthode en particulier. En outre, comme expliqué plus haut, les méthodes d’élimination sont inefficaces car elles créent juste un effet yo-yo sur le nombre de pigeons. Il n’y a donc pas lieu de faire appel au RDS pour justifier les campagnes de gazage.
Il est temps d’arrêter de dire tout et n’importe quoi. Les cas de transmission de maladies sont rarissimes. Une étude publiée en 2004 dans le Journal of Infection établit qu’il y a eu seulement 176 cas documentés de transmission de maladies des pigeons liminaires aux humains ont été signalés entre 1941 et 2003, partout dans le monde. Nous sommes très loin d’un problème de santé publique ! Rappelons que tous les animaux (pigeons, chats, chiens…) peuvent potentiellement transmettre des maladies, ça ne fait pas pour autant d’eux automatiquement des problèmes de santé publique. Nous vous invitons à lire cet article pour en savoir plus sur ce sujet : https://zoopolis.fr/decouvrir/les-pratiques/les-fientes-de-pigeons-un-probleme-surestime/
PAZ félicite et remercie Yeelen Ravier pour sa question orale !